Tout est question de destin dont Dieu seul a le secret, mais il y a des destins pour lesquels le Seigneur donne des clés de lecture aux esprits attentifs. Ainsi, un certain adolescent né à Koutiala en janvier 1945, Ibrahim Boubacar Keïta, se classe premier du Soudan français à l’issue des épreuves de l’examen de fin des études primaires. Pour cette performance, le voilà parti (invité) en France d’où il revient avec diplôme supérieur en poche. Puis, la ligne de la vie, même en raccourci, est ascendante pour lui : ONG Terre des hommes, conseiller diplomatique du président de la République du Mali en 1992, ambassadeur, ministre des Affaires étrangères, Premier ministre, président de l’Assemblée nationale, président de la République… Ainsi aussi Patrick Achi, Premier ministre actuel de la Côte d’Ivoire, fils d’ingénieur et curieusement élève trop inintelligent à l’école primaire, au point qu’un instituteur osa demander à son père de l’envoyer auprès du mécanicien du coin de la rue afin qu’il apprenne au moins un métier. Mais le père, bien que contraire à la vue des notes de son fiston, insiste quand-même que l’école « se débrouille » à ce que l’enfant puisse au moins franchir le cycle primaire. Le petit Patrick deviendra, à la surprise générale, un intellectuel balèze, consultant international et Premier ministre.
Dr. Choguel Kokalla Maïga, l’actuel Premier ministre du Mali, rentre dans la légion des gens au destin qui impressionne tant qu’on classe tout bonnement dans les énigmes. Mais les lignes balisées par le Seigneur ne sont pas des énigmes, on ne s’y perd pas ni dans les tournants, ni dans les détours, le cheminement est saisissant et plein d’attractions pour l’esprit. L’enfant Choguel voit le jour à Tabango, un village des confins de la brousse du cercle d’Ansongo (région de Gao), il y a 63 ans. Au terme des études fondamentales, le petit broussard, devenu adolescent est appelé à venir au Lycée dans la capitale, Bamako.Habillé comme un pauvre (culotte courte et chemise qui attirent la curiosité amusée des enfants de la cité), il embarque dans l’avion qui vint atterrir sur le tarmac de l’aéroport international de Sénou qui avait été mis en service il n’y avait pas longtemps. C’était en 1973. On lui indique un bus dans lequel il prend place en demandant qu’on le descende quand on arrivera près du Lycée Technique, sa destination. Il y sera accueilli dans une salle chargée d’histoire. En effet, c’est dans cette même salle que, suivant les directives de Modibo Keïta, absent du pays, qui avait demandé à l’Assemblée Nationale de proclamer officiellement et légalement l’indépendance du Mali, le vice-président de cette institution, Yacouba Maïga, proclama donc l’indépendance du Mali le jeudi, 22 septembre 1960 (il ya 63 ans). Et c’est dans ce prestigieux établissement d’enseignement secondaire que Choguel K. Maïga passera le Baccalauréat (série MTI, Mathématiques Techniques Industries) en 1977, en se classant premier du Mali. Et le voilà parti en ex-Union soviétique pour des études supérieures, où il décrochera en 1987 son doctorat d’état et reviendra au Mali comme Docteur-Ingénieur (ingénieur en télécommunications, spécialisé en satellite).
Les voies de Dieu sont insondables, dit-on. Dans le cadre de la célébration de la première Journée nationale de la souveraineté retrouvée, dans le respect strict des directives du Président de la Transition, Colonel Assimi Goïta, chaque membre du Gouvernement avait pour mission de partir dans une capitale régionale pour animer les conférences et les débats de la nouvelle date en tant que jour affirmé de la reprise en main du destin national. Mais l’honneur revenait au chef du Gouvernement de présider avant, le vendredi, 13 janvier 2023, le lancement des précieuses cérémonies. Où ? Eh bien, dans la mythique salle du Lycée Technique de Bamako, là même où il y a 63 ans, l’indépendance du Mali avait été proclamée ! Un vendredi qui peut être mis en parallèle avec deux autres. En effet, dans le train-train de l’actualité malienne, on aura remarqué que Dr. Choguel Kokalla Maïga est sorti de clinique le vendredi, 25 octobre 2022, après avoir été foudroyé par une crise dont il s’est rétabli miraculeusement. Un mois après, le vendredi, 25 novembre 2022, il est reçu par le Président de la Transition, qui le rappelle par décret à la tête du Gouvernement dans la nuit du 04 au 05 décembre 2022. Le tandem Goïta-Maïga est depuis plus robuste qu’avant. Pour la victoire prochaine contre les ennemis du Mali.
Salifou Cissé
Source : journal Le National, n° 506 du lundi, 13 février 2023.