La Cedeao peut rester là où elle est. C’est-à-dire pas plus qu’une organisation internationale de coopération. Or, le concept d’Etat confédéral est encore beaucoup plus intégrateur et plus panafricaniste que ce que l’Union africaine (UA) est en train de faire à travers ces organisations genre Cedeao, sous financement des puissances étrangères.
La Cedeao en Afrique de l’Ouest est présentée comme l’institution qui marche le mieux, comparée aux quatre autres regroupements que compte l’Afrique (Afrique centrale, Afrique de l’Est, Afrique du Nord et Afrique du Sud) sous la bannière de l’UA (Union africaine).
Alors, des deux choses l’une : soit donc que les autres regroupements sont tout à fait nuls, soit que cette réputation de la Cedeao est surfaite voire usurpée.
En tout cas, les pays du Sahel (Mali, Burkina, Niger) ne se feront nullement conter ce que vaut réellement la Cedeao, sur sa vraie valeur en termes d’intégration des économies, de pratique de la démocratie, de libertés de circulation des personnes et de leurs biens et aussi et surtout, en matière de défense, de sécurité et de protection des civils de la zone.
Sur tous ces points, l’organisation Cedeao devrait faire son bilan de ses 50 ans (49 ans 1975-2024) d’existence.
Pour une rare fois, un sommet des chefs d’Etats, celui du 07 juillet 2024, n’a pas été pour discuter uniquement de sanctions et de répressions à prendre à l’encontre des régimes et des populations de la Cedeao.
La présence à ce sommet du jeune Président du Sénégal, Bassirou D.Faye ajoutée à l’absence des dinosaures a certainement contribué à insuffler à cette rencontre au sommet une dose de critique et d’autocritique. Notamment sur la nécessité de libérer la Cedeao du poids des lourds soupçons qui pèsent sur elle d’être devenue une caisse de résonnance de désidératas des puissances étrangères à l’Afrique.
Après l’heure du bilan, de la critique et de l’autocritique, ce devrait être nécessairement celui des reformes de cette Cedeao.
Or, une réforme ne peut pas s’opérer en une année ou deux ; c’est un long chemin parsemé d’embuches que la Cedeao n’a même pas débroussaillé encore. Alors, combien de temps devrait-on attendre pour disposer d’une Cedeao reformée, revitalisée, à hauteur des défis, une Cedeao des bas Peuples?
L’AES, plus vite que la CEDEAO
Cette Cedeao a désormais l’allure d’une vieille dame essoufflée. Malmenée en son sein et de toutes parts par des vents contraires.
L’AES a l’avantage sur elle d’être jeune et plus prometteuse. L’AES a été bâtie, pas simplement sur des vœux pieux de coopération, mais plutôt sur des réalités toutes pressantes les unes plus que les autres. A savoir la lutte contre l’insécurité et le sous-développement (entre les trois pays le plus pauvres du monde). Ces trois Etats étaient en voie de disparition, sous l’œil moqueur de la Communauté internationale, toute chose qui en a rajouté à leur sur-motivation d’aller vite et plus loin.
En créant l’AES, les trois Etats se sont juste mis à la place où on les désignait bien avant ; avec la création, sous impulsion extérieure, d’une structure genre G5 Sahel qui, en plus d’avoir été un espace de domination militaire du Sahel avait également été saupoudrée de promesses d’aide pour le développement.
En outre c’était vraiment de contre nature et une réelle incongruité au regard de l’histoire des trois pays et de leurs peuples, que le Niger et le Burkina (ex-Haute Volta) aient longtemps appartenu à un machin appelé Conseil de l’Entente créé par le président ivoirien de l’époque.
Bref, la Cedeao peut rester là où elle est. C’est-à-dire pas plus qu’une organisation internationale de coopération, comme l’UA ou l’ONU. Or l’AES a franchi le Rubicon en devenant, ce 06 juillet 2024 à Niamey, un Etat confédéral.
Le concept d’Etat confédéral est encore beaucoup plus intégrateur et plus panafricaniste que ce que l’Union africaine (UA) est en train de faire à travers ces organisations genre Cedeao sous financement des puissances étrangères.
Le temps nous édifiera quant à savoir si c’est de cette Cedeao sans le Mali, le Burkina et le Niger dont ont besoin ces puissances étrangères. Ou si, de guerre lasse à vouloir ramener les trois Etats dans la bergerie, ces puissances étrangères dicteront aux Etats hors AES la conduite à tenir pour l’avenir.
Belco TAMBOURA
LE JOURNAL L’OBSERVATEUR -MALI