Acclamé en héros lors de son accession au pouvoir par un putsch, le 5 septembre 2021, en destituant le Président démocratiquement élu, le Pr Apha Condé, aujourd’hui, le regret du peuple guinéen commence à résonner sur les différents canaux de l’information. Les Guinéens rêvent-ils du retour au pouvoir du Pr. Alpha ? Ce qui est sûr, le temps nous édifiera dans les mois prochains. Et «l’histoire retiendra que depuis 2010 l’économie guinéenne est entrée dans une aire de résilience en passant du système du tout-Etat à celui de mieux-Etat ».
C’est comme si une prise de conscience renaît peu à peu et du jour au jour chez les Guinéens. Ce sont ceux qui avaient brandi la victoire contre le Président Condé et qui ont applaudi le coup de force qui semblent être les premiers à le regretter face au système actuel de la gouvernance du pays. L’homme ne mâchait pas ses mots et le Professeur avait dénoncé les soi-disant démocrates en ces termes : «Je me suis battu pendant 45 ans, j’étais opposant. Mes adversaires sont ces fonctionnaires qui sont devenus Premiers ministres après avoir mis le pays à terre. C’est extraordinaire que je sois considéré comme un dictateur antidémocrate ! »
Un internaute répondant au nom de Habib Marouane Camara est on ne peut plus clair : «Et si on savait ? ». Parlant du professeur Alpha Condé il dira : « le Vieux, le temps te donne raison. Le vrai bonheur, c’était toi! Je demande publiquement pardon pour mes délires et écarts. Dieu, c’est toi le maître de l’horloge, le seul régulateur du temps et de l’espace, j’implore ta grâce pour mettre fin à cette misère infernale. Vers qui, en tant que croyant, se vouer si ce n’est toi! Dieu, tu as le dernier mot, aide tes fidèles et siffle la fin de ce calvaire. Car, tu es la solution à tous problèmes. Fais ce qui est bon et mieux pour nous, maintenant. Amen !». Habid n’est certainement pas seul, ils sont nombreux qui regrettent aujourd’hui la chute du Président Alpha Condé.
Aujourd’hui, tout observateur averti reconnaît que ça ne va vraiment pas dans le pays. Ceci est lisible tous les visages, dans les cœurs et les esprits des guinéens. Nombreux sont ceux qui aspirent au rétablissement dans ses fonctions du Président de la République de la Guinée, le Pr. Apha Condé.
Le coup d’Etat du 05 septembre en Guinée n’avait pas sa raison. C’est du moins ce que pensent certains observateurs de la vie politique guinéenne. « Car contrairement à d’autres pays comme le Mali, le coup d’État en Guinée n’est pas intervenu à la suite d’une révolte ou d’une manifestation populaire. La réforme constitutionnelle consacrant le changement de la République n’en était pas la cause, puisque la consultation populaire a eu lieu, le principal leader de l’opposition a certes boycotté le référendum et les législatives, mais a pris part à l’élection présidentielle. Le même scénario s’est produit en Côte d’Ivoire », a écrit M. G. Andrien Poussou, ancien ministre centrafricain.
« Ce coup d’État a permis au président Alpha Condé d’être fixé sur la loyauté et la fidélité de ceux qui usaient leur langue en léchant ses babouches et qui ont été les premiers à le poignarder dans le dos » dira-t-il.
Toujours le même écrivain:« ceux qui ont pensé l’avoir humilié en l’exhibant tel un trophée ou une prise de guerre à « l’arrière d’un 4×4 roulant toutes les vitres ouvertes à travers les rues de Conakry en auront pour leur indélicatesse et leur méchanceté. Eux, qui ont foulé aux pieds cette sacro-sainte tradition typiquement africaine du respect dû aux aînés. Qu’ils se souviennent que le prophète Mahomet, paix sur lui, avait été également humilié, chassé de La Mecque avant d’y retourner triomphalement. Je m’en voudrais d’oser une comparaison entre le président Alpha Condé et le prophète de l’islam, mais je constate simplement que l’histoire est un perpétuel recommencement. La chute n’est pas la fin du monde, ce n’est qu’une contingence, un simple détail de l’histoire. Ce qui est essentiel, c’est la capacité à se relever des mauvaises passes en forçant la main du Grand Architecte de l’Univers. L’itinéraire personnel et politique du président Alpha Condé est là pour prouver que ce n’est pas un homme à se laisser submerger par les caprices de la vie ».
Le tacle d’Alpha Condé
Les choses prennent tournure sérieuse, l’ancien président guinéen, chef de la junte qui l’a renversé en septembre 2021 se sont tous deux adressés aux Guinéens à l’occasion du Nouvel An. Des discours antagonistes qui disent bien la lutte sans merci qu’ils se livrent. Il était 21 heures à Conakry, ce 31 décembre, lorsque le président de la transition guinéenne, Mamadi Doumbouya, est apparu à la télévision publique. Face à la caméra, il livre un discours d’une vingtaine de minutes. Il lit lentement, parfois avec hésitation, et annonce une étape clé de la transition : « Au cours de la nouvelle année sera soumise à référendum une nouvelle Constitution »
Il a fallu attendre 2010 pour que l’opposant historique, qui a connu l’exil et la prison, accède enfin au pouvoir. Alpha Condé devient ainsi le premier président démocratiquement élu après des années de dictature militaire. « Le Professeur » promet modernisation et reconstruction. En 2019, déjà à son actif après deux mandats et un bilan relativement positif.
La croissance économique
Un ancien ministre centrafricain et écrivain, G. Andrien Poussou a témoigné dans son livre intitulé «Guinée : les véritables raisons d’un coup d’Etat inique » et « Comment le président Alpha Condé est-il devenu un homme à abattre ?». Il décrit brièvement le coup d’élan de développement et la relance économique déclenché pour le bonheur de ses sujets, le Président Condé. Il dit clairement « ce que le « professeur » a fait en si peu de temps, ses adversaires politiques ne l’ont pas fait en cinquante ans ».
Par exemple, sous son magistère, en dépit des effets dévastateurs de la pandémie de Covid-19, les perspectives économiques de la Guinée étaient positives. Selon les chiffres de la Banque mondiale qu’on ne peut pas soupçonner de connivence avec le président Alpha Condé, la croissance a atteint 8,3% en 2017, après 10,5% en 2016. Depuis son accession à l’indépendance en 1958, la Guinée a connu le plus fort cycle de croissance économique de son histoire, comme l’atteste l’évolution du Produit intérieur brut (PIB) au cours des dernières années de la présidence Condé. En effet, le taux de croissance moyen du PIB depuis 2016 était de 9,9% alors que la moyenne du continent s’est établie à 2,6%. Cette dynamique de croissance comptait parmi les plus robustes en Afrique.
Le gouvernement guinéen continuait de renforcer ses investissements dans les infrastructures de base telles que l’électricité ou les routes, lesquelles sont, au même titre que l’éducation, la santé, l’énergie et les nouvelles technologies de la communication, un puissant accélérateur de la croissance ».
En guise de preuve, l’auteur avance en ces termes «Le barrage de Kaléta, d’une puissance de 240 MW, [a été] achevé et opérationnel depuis 2015. Le barrage de Souapiti, réalisé dans le cadre d’une joint-venture et d’une puissance de 450 MW, [était] en construction […] Quant au barrage de Souapiti, il représente le plus gros engagement financier de la Guinée depuis l’indépendance: 1,175 milliard de dollars. La réalisation effective de ces barrages [allait] boucler la construction des composantes essentielles du complexe du Konkouré, un vieux projet qui remonte à l’époque coloniale, c’est-à-dire depuis 1927. Le taux d’accès de la population à l’électricité a atteint 36% en 2018 contre 18% en 2010 grâce à la volonté du président Alpha Condé, qui a compris très tôt.»
L’auteur dénonce « un tableau aussi sombre, où, douze mois à peine après le coup d’Etat, la Guinée a régressé de plusieurs années ».
Selon l’écrivain, la réponse est d’autant plus mal aisée que «l’éléphant annoncé est arrivé avec un pied cassé », comme dit la sagesse africaine. Le changement proclamé et les mirages d’un lendemain enchanté n’ont pas dépassé la blessure des lèvres pour se concrétiser. Ces proclamations sont restées de simples slogans destinés à endormir le peuple.
Pendant douze mois, le quasi-régime qui a pris les rênes du pays s’est évertué à cacher qu’il a été conçu dans le déshonneur, la ruse, la tricherie, et a accouché dans la forfaiture. Si le coup d’État a été une surprise pour beaucoup, l’Histoire retiendra que le système de gouvernement introduit par cette junte aura été destructeur pour la Guinée. Il ne fait l’ombre d’aucun doute que l’ADN de ce pouvoir est constitué d’un manque cruel de morale publique et d’une absence avérée d’éthique républicaine.
Inutile de rappeler que lorsque les historiens se pencheront sur la marche de la Guinée au cours de ces derniers mois, ils retiendront que Mamadi Doumbouya et sa suite ont livré, sans vergogne ‘État guinéen à la mafia, accéléré le détricotage de l’esprit national, rabaissé les institutions et consacré le tribalisme enrichissement illicite et captation des biens de l’Etat resteront Corruption, concussion, prévarication trafics en tout genre, enrichissement illicite et captation des biens de l’Etat resteront à jamais comme les marqueurs de cette junte qui s’est emparée du pouvoir. Elle a mis en place un système bien rodé de détournement des deniers de la collectivité qui a fini par mettre à genoux le Trésor public. Rien ne va plus, au point que les Guinéens ne savent plus à quel saint se vouer; ils sont devenus des mendiants dans leur propre pays ».
Le temps est le meilleure juge. Après qu’il soit blanchi par le peuple, il souhaite vivement un leader panafricain convaincu comme le Pr Alpha Condé. Si les dérives à grande échelle continuaient, serait-il trop de dire que le Président Condé risque d’être rétabli de ses fonctions du Président de la République. Ce qui est sûre est que, jusqu’à preuve du contraire, le Président Alpha Condé n’a jamais démissionné de ses fonctions présidentielles. Et ça veut ce que ça veut dire sur le champ juridique.
