La Guinée-Bissau, un pays aux multiples facettes, éprouve des défis politiques récurrents qui façonnent profondément son paysage socio-économique. Actuellement, il se retrouve sous les projecteurs internationaux en raison de la menace d’expulsion proférée par le Président Umaro Sissoco Embalo à l’intention d’une mission de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Cette mission, qui devait se dérouler du 21 au 28 février 2025 dans le cadre d’efforts diplomatiques visant à instaurer un consensus préalable aux élections cruciales de 2025, a été contrainte de quitter le pays prématurément, laissant en suspens de nombreuses interrogations sur l’avenir politique du pays.
Sur instruction de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement de la CEDEAO, S.E. Dr Omar Alieu TOURAY a dirigé une délégation chargée de soutenir les acteurs politiques locaux dans l’élaboration d’une feuille de route destinée à garantir des élections inclusives et pacifiques. Pendant son séjour, la mission a engagé des dialogues constructifs avec un large éventail de parties prenantes, incluant des autorités gouvernementales, des acteurs politiques, des gestionnaires des élections ainsi que des représentants de la société civile, tous désireux de contribuer à la sécurité et à la stabilité du processus électoral.
Malgré l’accueil initial chaleureux réservé à la mission, la situation a rapidement pris un tournant dramatique lorsque des tensions entre le gouvernement et plusieurs partenaires politiques ont commencé à se manifester. Emballo, qui a lui-même accédé à la présidence dans un climat de controverses et de méfiance envers les institutions traditionnelles, a finalement émis une menace claire d’expulser la mission alors qu’elle proposait son projet crucial d’accord sur la feuille de route électorale. Ce revirement apparent met en lumière non seulement l’instabilité au sein de l’exécutif, mais aussi les fractures persistantes au sein du tissu politique du pays.

En réponse, la mission a réaffirmé l’importance d’un dialogue politique constructif, soulignant qu’il est impératif de s’engager avec toutes les parties prenantes pour forger un consensus qui garantisse des élections viables. Malheureusement, la menace d’expulsion constitue un coup dur pour les efforts de médiation de la CEDEAO, augmentant les risques de tensions qui pourraient dégénérer en violence et remettant en question la stabilité politique du pays à un moment critique. En parallèle, la mission a appelé au calme et à la paix, plaidant pour une approche collaborative qui favoriserait la construction d’un environnement électoral sain.
La Guinée-Bissau se trouve à un carrefour décisif alors que des élections stratégiques se profilent à l’horizon 2025, un enjeu qui pourrait déterminer le futur du pays. La situation actuelle souligne avec force la nécessité d’un engagement véritable de toutes les parties impliquées pour éviter un retour aux méthodes de règlement de conflits basées sur la violence et la coercition. L’intervention de la CEDEAO, soutenue par d’autres acteurs internationaux, reste essentielle pour promouvoir et authentifier un processus électoral qui respecte fidèlement les principes démocratiques et favorise la paix durable dans cette nation encore en quête de stabilité.
Sanadé Sana