A travers d’un flash spécial sur la télévision nationale, ORTM, le mercredi 5 mars 2025, le gouvernement malien a fait une annonce cruciale qui pourrait transformer l’avenir de l’exploitation minière artisanale dans le pays. Lors d’un conseil des ministres tenu le même jour, plusieurs mesures fortes ont été adoptées pour contrer une série de tragédies s’étant produites sur les sites d’orpaillage, des zones souvent marquées par un manque de régulation et une exploitation problématique.

Parmi ces mesures, on note l’abrogation des actes de nomination des responsables administratifs, une relecture approfondie de certains textes juridiques, ainsi que la dissolution du conseil municipal de Dabia. Le gouvernement, conscient de l’urgence de la situation, a pris ces décisions drastiques pour prévenir de nouveaux drames sur ces sites à risques, où l’exploitation illégale et non régulée continue de causer des pertes humaines tragiques.
Ces mesures, discutées en détail lors d’un point de presse, ont été présentées par le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le général de division, Daoud Ali Mohamedine, et Madame Doumbia Mariam Tangara, ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement Durable. Leur intervention a été marquée par une forte émotion, alors qu’ils étaient accompagnés du chef du département de la communication, soulignant l’importance de la transparence et de la responsabilité dans cette période critique.
Le général de division, Daoud Ali Mohamedine, a campé le décor en évoquant les récents drames survenus sur les sites d’orpaillage, notant qu’après les tragédies survenues à Kokoyo, village de Danga, cercle de Kangaba, le 29 janvier 2025, puis à Bilali Koto, cercle de Kenyeba, le 14 février 2025, le gouvernement a ressenti un appel irrésistible à l’action. Il a cité les mots du chef de l’État, Son Excellence le général d’armée Asimi Goïta, qui a pris un moment pour prier pour le repos des âmes des disparus, tout en exprimant des vœux de prompt rétablissement aux blessés. Cet appel à la compassion a mis en lumière le besoin urgent de réformes profondes capables de sauver des vies à l’avenir.
Le général Daoud a précisé que « le chef de l’État a instruit le gouvernement de renforcer les mesures pour éviter les drames humains et environnementaux dans notre pays ». En réponse à cette situation alarmante, le président Goïta a décidé d’adopter plusieurs mesures, dont l’abrogation des actes de nomination des responsables administratifs impliqués dans la gestion des incidents tragiques, tels que les préfets, sous-préfets, et les chefs des forces de sécurité, qui ont manifestement échoué à protéger les citoyens.
De plus, la relecture de certains textes juridiques vise à mettre un terme à la transaction dans les domaines environnementaux, un processus qui, dans le passé, a permis la récupération d’équipements utilisés dans l’orpaillage par leurs propriétaires, facilitant ainsi la répétition des mêmes exploitations illégales. Cette nouvelle approche vise à confisquer ces équipements pour les réaffecter au patrimoine de l’État, montrant ainsi une détermination ferme à restaurer l’autorité publique dans la gestion des ressources.
Le gouvernement a également décidé de suspendre, par l’intermédiaire des responsables des collectivités territoriales, les permis d’exploitation des mines artisanales octroyés à des personnes de nationalité étrangère, un geste qui marque un tournant vers la préservation des ressources locales et la sécurité de la population. Enfin, la procédure de dissolution du Conseil municipal de Dabia souligne une volonté de responsabiliser les instances locales face à la crise actuelle.

Pour sa part, Madame Doumbia Mariam Tangara a souligné que « depuis quelques années, nous assistons à une agression sans précédent contre l’environnement et les ressources naturelles sur une grande partie de notre territoire ». Elle a souligné que cette situation avait engendré des drames alarmants à Kangaba et Kéniéba. Reconnaissant l’ampleur des défis, le président de la transition a ordonné au gouvernement de prendre des mesures sérieuses pour éviter que de telles tragédies ne se reproduisent. « Nous ne pouvons pas permettre que l’avidité humaine continue de ravager notre Terre », a-t-elle déclaré avec détermination.
Elle a aussi insisté sur le fait que, en réponse aux événements tragiques, le Premier ministre, chef du gouvernement, s’était engagé à faire en sorte que ces incidents ne soient pas perçus comme des faits divers banals, mais comme des crises nécessitant une action décisive. Elle a révélé qu’un système de confiscation des matériels saisis serait instauré, afin de s’assurer qu’aucun équipement impliqué dans l’exploitation illégale ne retourne dans le circuit commercial, et que dans le cadre de ces mesures, l’État aurait le plein contrôle sur l’usage de ces matériels, garantissant ainsi une gestion responsable et durable des ressources.
« Nous remercions les plus hautes autorités de ce pays qui nous ont accompagnés dans cette dynamique qui permettra de sauver des vies humaines et de préserver notre environnement » a-t-elle ajouté, exprimant une gratitude sincère pour les efforts déployés pour protéger la population et le patrimoine naturel.

Le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le général de division, Daoud Ali Mohamedine, a renforcé cette idée en stating que, « aujourd’hui, nous devons renforcer l’autorité de l’État dans la gestion et surtout dans la surveillance de l’exploitation des ressources minières dans notre pays. Il est inacceptable que nous continuions à subir des pertes de vies sans agir. Nous devons éviter que des intérêts privés ne prévalent sur la sécurité et le bien-être de nos concitoyens ».
Il a succinctement résumé le sentiment de détermination qui animait le gouvernement envers cette crise : « Ces mesures visent vraiment à renforcer l’autorité de l’État et à protéger nos populations. C’est notre devoir aujourd’hui. Quant aux rôles des forces de défense et de sécurité, ces mesures leur confèrent le pouvoir nécessaire pour agir efficacement ».
Enfin, il a réaffirmé que « les matériels qui sont saisis seront confisqués et mis à la disposition du patrimoine de l’État », consolidant ainsi un engagement envers une gestion plus rigoureuse et responsable des ressources naturelles au Mali.
Seyni Kassambara