Sans détour, le ministre des Affaires Étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, a recadré une fois les ennemis du Mali au Conseil de Sécurité de l’ONU le vendredi 27 janvier 2023 à New York, lors de son séance publique. Il a apporté des éléments de précision sur le rapport de la MINUSMA et à dénoncer le manque de transparence et d’absence de réciprocité dans la collaboration avec celle-ci qui, malgré des engagements pris, ne partage pas avec les autorités maliennes les informations et données recueillies par les drones de la Mission.
Dans le cadre de l’examen classique du Rapport trimestriel du Secrétaire Général des Nations Unies sur la situation au Mali, couvrant la période du 04 octobre au 29 décembre 2022, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale a participé à la séance publique du 27 janvier 2023 du Conseil de Sécurité pour partager avec les membres, les observations du Gouvernement du Mali sur le rapport de la MINUSMA et surtout les attentes du pays dans le cadre de sa coopération avec cette onusienne au Mali en vue d’une meilleure articulation des actions communes sur le théâtre des opérations.
Le Gouvernement du Mali a salué l’approche du Secrétaire général de l’ONU pour avoir reconnu les défis qui jalonnent le processus de paix en mettant surtout enavant les progrès réalisés par les autorités de la Transition aux plans politique, sécuritaire, institutionnel, des droits de l’homme ainsi que dans la mise en œuvre de l’Accord.
En réponse au souci du Secrétaire Général par rapport aux réactions variées sur le processus et le contenu de la constitution, le Mali a répondu que cette diversité d’opinion participe au renforcement de la démocratie et à la liberté d’expression. Selon le ministre Diop, le Gouvernement de la transition en vue de parvenir à un large consensus sur la nouvelle Constitution, a mis en place une Commission chargée de sa finalisation. Elle a pour mission, selon lui, d’examiner et d’amender, le cas échéant, en vue de produire et soumettre au Président de la Transition, une version amendée de l’avant-projet de la constitution.
« La poursuite des actions de la refondation du Mali restera la priorité du Gouvernement à travers notamment l’adoption des stratégies nationales relatives à la dépolitisation de l’administration, la lutte contre la corruption et la dématérialisation des services publics, y compris la poursuite du chantier de la régionalisation.S’agissant du mécanisme de suivi conjoint de la transition avec la Cedeao, le Gouvernement du Mali reste engagé avec les acteurs maliens et l’organisation sous régionale pour le respect de l’échéance fixée pour la fin de la transition en mars 2024», a tenu a préciser le ministre des Affaires étrangères du Mali. Selon ce dernier, la grâce avec remise totale de peine aux militaires ivoiriens par le Président de la Transition prouve à suffisance que le Mali reste attaché à la préservation des relations séculaires, d’amitié, de coopération et de bon voisinage.
Sur la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, malgré la décision des groupes signataires de suspendre leur participation au Comité de suivi de l’Accord (CSA), dira le ministre Diop, le Gouvernement du Mali poursuit les actions en vue de diligenter sa mise en œuvre. Il a rappelé plusieurs actions menées par le Mali et ses partenaires dans ce sens. Parmi ces actions, nous avons par exemple, l’enregistrement de 1718 ex-combattants dont 593 pour la CMA, 531 pour l’Inclusivité et 594 pour la Plateforme, l’élaboration d’un nouveau programme du DDR et son plan d’action 2023-2027 et le programme d’intégration et son plan d’action 2023-2025, des missions de voyages au nord afin d’évaluer les capacités des sites régionaux du DDR et les besoins de leur mise en l’état avec 74 918 sites dont 26 108 combattants avec armes, 46 675 combattants avec minutions, 30 775 combattants éligibles au désarmement et à la démobilisation, 44 112 combattants éligibles à la réinsertion, la poursuite de l’opérationnalisation du Fonds pour le développement durable (FDD) à travers plusieurs initiatives visant au financement des projets et programmes retenus à cet effet, la signature d’un accord entre le Gouvernement et la Banque mondiale pour prolonger jusqu’au 30 juin 2023 le financement de la réinsertion socio-économique de 900 femmes affiliées aux groupes armés.
« Quant à l’inquiétude exprimée par le Secrétaire général relative à la suspension de la participation des groupes signataires aux mécanismes du CSA, le Gouvernement regrette cette décision et mène des initiatives en vue de parvenir à une entente avec les groupes signataires pour la reprise effective des travaux du CSA », a tenu à rassurer le Gouvernement du Mali devant l’ONU.
Sur le plan sécuritaire, le ministre Diop a rappelé les actions majeures menées par les FAMa pour la défense du territoire et la protection des civils et de leurs biens.
« Au plan de la coopération avec la MINUSMA, le Gouvernement du Mali se félicite du renforcement de la coordination au plan opérationnel entre les FAMa et la MINUSMA, y compris l’appui de la Mission aux FAMa dans le cadre des sessions de formation de renforcement des capacités en matière des droits de l’homme et de droit international humanitaire.Concernant la situation au Centre du pays, le Gouvernement du Mali salue la reconnaissance par le Secrétaire général des résultats obtenus par les autorités dans le cadre du renforcement et l’accélération de la mise en œuvre de la Stratégie de stabilisation des régions du Centre ayant permis la réconciliation dans certaines parties de la région de Ségou, particulièrement entre les communautés de Dogofry et de Sokolo » a souligné le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération Internationale.
En réponse à une partie du rapport de la MINUSMA relative à des postes vacants au titre de l’année écoulée, le Mali a tenu à donner les précisions suivantes :
Au niveau des cercles, 1 poste vacant sur 122 (1 Préfet Bandiagara) ; au titre des arrondissements 3 postes vacants : Koula (cercle de Tominian), Dinangourou, (Cercle de Koro), Sah, (cercle Youwarou) :
Selon le Gouvernement du Mali, contrairement à ce qui est dit dans le rapport, tous les postes de Gouverneurs et membres de Cabinet (Directeurs de Cabinet, Conseillers aux Affaires Administratives et Juridiques, Conseillers aux Affaires Economiques et Financières et Conseillers à la Sécurité et à la Protection Civiles) sont pourvus.
Par rapport à la situation des Droits de l’Homme et particulièrement les accusations visant les Forces de Défense et de sécurité du Mali, le Gouvernement regrette que le rapport ne fournisse aucun détail sur les lieux, les dates et les victimes de cesIncidents. Réfute donc ces allégations et rappelle que les forces maliennes sont bien outillées en matière de Droits de l’Homme et de Droit international humanitaire.
« Les autorités maliennes restent engagées pour traduire devant la justice les auteurs d’actes terroristes comme en témoigne l’ouverture de dossier devant le Pôle Judiciaire Spécialisé de lutte contre le Terrorisme concernant l’attaque du 16 décembre 2022 à Tombouctou ayant occasionné la mort de deux casques bleus du contingent nigérian dont une femme et fait quatre blessés., Aussi, le Gouvernement s’attèle à l’élaboration d’une cartographie des allégations d’exactions contre les FDSM de 2018 à nos jours. », a souligné le ministre DIOP.
En réponse à une dénonciation du Secrétaire général relative à 237 demandes de vol de la MINUSMA refusées par les autorités maliennes, le Gouvernement du Mali fait observer que sur ce point, la réunion de coordination Gouvernement/MINUSMA, tenue le 1er août 2022, a permis de mettre en place une procédure relative à une meilleure gestion de la rotation des contingents de la Mission. Ladite rotation s’effectue actuellement selon le Mali, à un rythme normal et mutuellement satisfaisant.
Le Gouvernement du Mali a déploré le manque de transparence et l’absence de réciprocité dans la collaboration de la MINUSMA qui, malgré des engagements pris, ne partage pas avec les autorités maliennes les informations et données recueillies par les drones de la Mission. Ces difficultés font l’objet d’échanges entre les deux parties selon Abdoulaye Diop.
Il invite à ce titre la MINUSMA à se conformer à la procédure convenue dans le cadre de la réunion du 15 novembre 2022 et aux conclusions de la réunion de coordination du18 janvier 2023, au cours de laquelle une reprise des vols de drone a été décidée sous réserve du respect des conditionnalités définies de commun accord.
« Les consultations menées dans le cadre de la revue stratégique de la MINUSMA ont permis au Gouvernement du Mali et aux Nations Unies de parvenir à une convergence de vue sur la nécessité de poursuivre et de renforcer les efforts en vue d’une meilleure adaptation et articulation du mandat de la Mission en prenant en compte les priorités et les attentes exprimées par la partie malienne. Dans cette perspective, le Gouvernement du Mali plaide pour une posture offensive de la MINUSMA dans l’accomplissement de son mandat, particulièrement le soutien aux autorités maliennes dans le cadre de la restauration de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire, la protection des populations civiles et l’appui de la MINUSMA à la mise en œuvre de l’Accord » a interpellé le Gouvernement du Mali.