mercredi, 2 avril, 2025

Mali: l’incontournable candidature de Colonel Assimi Goïta

Le Président de la Transition sera-t-il oui ou non candidat à l’élection présidentielle de 2024 ? Le questionnement est dans toutes les causeries depuis plusieurs semaines et il suscite de plus en plus de l’intérêt au fur et à mesure que le chronogramme établi par la transition se déroule à travers le temps imparti. Il y a comme une hantise chez les tenants de l’ancienne classe politique, qui redoutent une candidature en bonne et due forme de Colonel Assimi Goïta à la prochaine élection et qui cherchent à ameuter l’opinion publique nationale-et certainement internationale aussi- pour que cette possibilité ne soit pas puisque, au retour de la loi et de la volonté populaire, ce n’est plus une éventualité, mais plutôt une obligation. Tout compte fait, en réalité, au travers de leurs propres conciliabules, les politiciens surannés sont eux-mêmes parvenus à la conclusion que, même s’ils s’accordaient tous sur un candidat unique, ce qui est un mirage,  nul ne saurait aujourd’hui damer le pion à Goïta lors d’une élection quelconque au Mali. La raison en est que l’écrasante majorité des Maliens boudent sans ambiguïté les acteurs d’hier alors que tous appellent le Colonel à se présenter à l’élection présidentielle de 2024, sans quoi le pays tomberait entre les mains des valets des impérialistes, avec le risque cette fois-ci que ce serait l’ouverture du cycle des oppressions, des injustices et des prédations pour l’éternité.  

Dès la promulgation de la Charte de la transition révisée, c’est Me Kassoum Tapo, sans doute parce qu’il est avocat de renom et rompu aux questions de droit, qui a ouvert le bal de la contestation d’une possible candidature du Colonel Goïta à l’élection présidentielle de 2024 au nom, justement, de l’article 9 nouveau de la charte révisée. Des semaines durant, il fera feu de tout bois sur la question, en servant une lecture d’évidence tronquée, qui ne convainc finalement personne. De guerre lasse, Me Tapo a rangé l’arme au pied et s’est contenté de quelques sorties médiatiques pour gloser sur une rencontre de deux heures de temps qu’il aura eue avec le Président de la transition, mais il sera moins loquace. Il faut rappeler que le Conseil National de Transition (CNT) a approuvé par 120 voix pour, aucune voix contre et aucune abstention, la révision de la Charte de la transition. La Charte révisée a été ainsi promulguée par le chef de l’Etat et publiée le 25 février 2022 dans un numéro spécial du 26 février 2022 du Journal Officiel de la République du Mali sous la dénomination de Loi n°2022-001/ du 25 février 2022 portant Révision de la Charte de la transition. Cette charte révisée contient plusieurs innovations dont celle relative à la candidature du Président de la transition à l’élection présidentielle et aux élections législatives. Ce qui a préoccupé fondamentalement la classe politique soucieuse de reprendre les rênes de l’Etat est et demeure la disposition de l’article 9 au sens si  elle pourrait empêcher le Colonel Assimi Goïta de se porter candidat à la magistrature suprême. Selon, en effet,  cet article 9 nouveau de la Charte révisée,« Le Président de la Transition n’est pas éligible aux élections présidentielles et législatives qui seront organisées pour marquer la fin de la Transition. La présente disposition n’est pas susceptible de révision. » Naturellement, cette disposition a fait l’objet de plusieurs interprétations tant par ceux qui souhaitent la candidature de Colonel Assimi Goïta que par ceux qui y sont opposés farouchement. Pendant un bon moment, les débats et les discussions, même s’ils se sont quelque peu tassés au fil du temps, avaient dominé l’actualité politico-sociale du pays. Et les voilà repartir avec virulence depuis au moins deux semaines. Mais la question de fond est que, en dehors de Colonel Assimi Goïta, personne ne trouve parmi la kyrielle de politiciens du Cadre d’échanges, de Jiguiya Kura ou autres, un candidat en qui les Maliens auront confiance. Certaines personnes vont même jusqu’à souhaiter que le Président de la transition continue à diriger le pays sans élection. C’est même l’avis de la majorité écrasante exprimé par de fortes personnalités comme le Chérif de Nioro du Sahel, les sages de Ségou qui ont même initié l’envoi d’une délégation spéciale auprès du Guide religieux à Nioro. C’est aussi l’avis des notabilités et légitimités traditionnelles à travers le pays, véritables relais auprès des populations qui, elles, sont désormais bien conscientes du rôle néfaste que les politiciens ont joué contre le destin et l’avenir de notre pays. Tout compte fait, pour les Maliens des villes et des campagnes, créer les conditions d’un retour possible aux affaires des politiciens des trois dernières décennies, c’est annihiler les efforts immenses faits par la transition en moins de deux ans pour redonner à notre Mali sa gloire et son prestige d’antan ; c’est brader la souveraineté nationale reconquise ; autrement dit, c’est redonner notre patrie à des personnes sans consistance et sans vergogne qui s’empresseront de le revendre aux enchères aux impérialistes. C’est aussi trahir tout l’honneur et toute la dignité de nos colonels sauveurs, avec à leur tête Assimi Goïta, lesquels, s’ils ne sont pas liquidés par les commanditaires des apatrides, seront envoyés à la CPI  pour le reste de leur vie. Voilà une perspective effroyable que l’on ne peut se permettre de banaliser ! Et adieu tout notre outil de défense (aéronefs, radars, fusils, blindés, etc.). Tout sera à nouveau détruit, brûlé ou remis à l’ennemi pour permettre de nouveaux déferlements sur notre territoire des djihadistes, de la légion étrangère française, encore et encore, pour y perpétrer des crimes plus odieux que nous avons déjà connus à Ogossago, Kolongo, Sobane Da, Indelimane, Bounty… Pour tant de raisons frappées au coin du bon sens, la candidature de Colonel Assimi Goïta à la prochaine élection présidentielle est incontournable pour les Maliens soucieux de leur pays. Un observateur avisé dit même qu’au vu des faiblesses politiques (il parle des partis politiques qui ne sont point, en réalité, des forces politiques), l’élection présidentielle à venir ne sera qu’une bouillabaisse et qu’il faut plutôt créer les conditions d’un plébiscite pour Assimi Goïta plutôt que de dépenser inutilement de colossales sommes dans l’organisation d’une compétition électorale dont les compétiteurs sont disqualifiés d’avance par leur faiblesse (c’est la note politique d’exclusion). 

Le Colonel Goïta peut démissionner pour se porter candidat

En règle générale de droit, on dit que la loi n’a point d’effet rétroactif, elle ne dispose que pour l’avenir. En d’autres termes, la disposition de l’article 9 de la Charte révisée de la transition a été prise lorsque colonel Assimi Goïta était déjà Président de la transition. En effet, Colonel Assimi Goïta a été investi Président de la transition le 07 juin 2021 et la Charte révisée a été promulguée le 25 février 2022. Il n’est donc pas concerné par l’application de cet article nouveau. C’est plutôt un nouveau Président de la transition qui se trouve être visé par l’article en question, en tout cas pour ceux qui ont une aptitude subtile dans la formulation des énoncés. Le Colonel Assimi Goïta peut en effet démissionner pour se porter candidat à l’élection présidentielle, comme l’y autorise la loi électorale promulguée le 24 juin 2022, dans son article 155, alinéa 2 qui dispose : «Toutefois, pour les élections pendant la Transition, les membres des Forces Armées ou de Sécurité qui désirent être candidats aux fonctions de Président de la République, doivent démissionner ou demander leur mise à la retraite au moins quatre (04) mois avant la date de l’élection présidentielle marquant la fin de la Transition.» Donc, si Colonel Assimi Goïta démissionne et se présente à l’élection présidentielle, c’est  son successeur qui sera frappé par la rigueur de l’article 9 nouveau. A ce titre , l’article 7 nouveau de la Charte de la transition est clair : «  En cas de vacance de la Présidence de la Transition pour quelque cause que ce soit ou d’empêchement absolu ou définitif du Président de la Transition pour quelque cause que ce soit, constaté par la Cour constitutionnelle saisie par le Président du Conseil national de Transition et le Premier ministre, les fonctions du Président de la Transition sont exercées par le Président du Conseil national de Transition jusqu’à la fin de la Transition. » Alors, ce sera Colonel Malick Diaw, Président du Conseil National de Transition, qui assumera les fonctions de Président de la transition. C’est en ce moment que l’article 9 nouveau retrouvera toute son application. Malgré tout, des hommes de droit, que l’on très actifs sur la scène politique nationale, continuent de soutenir, avec moins de verve ces derniers temps, que la candidature de colonel Assimi Goïta sera une violation de la Charte. Argumentent-ils par mauvaise foi, par ruse ou par cécité ou malhonnêteté intellectuelle ? Le temps nous le dira, il est le meilleur juge.

                                                                                                                 Al-Hassan Bah                                               Source : journal Le National, n° 506 du lundi, 13 février 2023.

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