(LETTRE D’AFRIQUE ) Le Parlement iranien a approuvé le dimanche 22 juin un projet de loi historique visant à fermer le détroit d’Ormuz, l’un des corridors maritimes les plus stratégiques de la planète, par lequel transite environ un tiers du pétrole transporté par voie maritime dans le monde. Cette décision intervient dans un contexte de vives tensions géopolitiques, quelques heures seulement après des frappes ciblées menées par les États-Unis sur trois sites nucléaires iraniens.
Le texte, voté à une large majorité, prévoit la suspension immédiate de la circulation des navires marchands et pétroliers dans le détroit, sous réserve de validation par le Conseil suprême de sécurité nationale – l’organe iranien chargé des affaires de défense et de politique étrangère. Si cette approbation finale est donnée, une partie essentielle du commerce mondial pourrait être paralysée.

Cette escalade marque un tournant dangereux dans la confrontation entre Téhéran et Washington. En représailles à ce que les autorités iraniennes qualifient de « violations flagrantes de leur souveraineté », le gouvernement a choisi de frapper là où cela fait le plus mal : au cœur des routes énergétiques mondiales.
Le détroit d’Ormuz, large d’à peine 50 km à son point le plus étroit, est un goulet d’étranglement vital entre le Golfe persique et la mer d’Oman. Chaque jour, près de 20 millions de barils de pétrole y transitent. Une fermeture prolongée aurait des conséquences immédiates : flambée des prix du pétrole, panique sur les marchés financiers, ralentissement du commerce mondial.
Les premières réactions n’ont pas tardé. Washington a dénoncé un « chantage géopolitique » et prévenu qu’il n’accepterait « aucune entrave à la liberté de navigation internationale ». L’Union européenne appelle à la désescalade, tandis que la Chine, principal importateur de pétrole iranien, s’est dite « profondément préoccupée ».

Le secrétaire général de l’ONU a lancé un appel urgent à la retenue, rappelant que « la stabilité du Golfe est cruciale pour l’équilibre économique mondial ».
La communauté internationale retient son souffle alors que les tensions dans le Golfe atteignent un niveau inédit. Cette décision iranienne, si elle est mise en œuvre, marquerait l’une des perturbations les plus sérieuses du commerce mondial de l’énergie depuis le choc pétrolier des années 1970. Pour les analystes, l’heure est grave : « Nous ne sommes pas seulement à la veille d’une crise régionale, mais potentiellement d’un séisme économique mondial », prévient l’un d’eux.
Sanadé Sana