mercredi, 26 mars, 2025

Lancement national de la stratégie de stabilisation des régions du centre et son plan d’action: Le vent de la paix pointe à l’horizon

Le chef du gouvernement Choguel Kokalla Maïga a présidé le vendredi 17 mars 2023, le lancement et la remise officielle du document de stratégie nationale de stabilisation des régions du centre du Mali. C’était en présence du Gouverneur de Mopti, le Colonel Abass Dembélé, du représentant spécial du Secrétaire général des nations unies pour le Mali, Chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali Minusma, El Ghassim WANE, le chef des partenaires techniques et financiers et le secrétaire permanent de la stratégie nationale de la stabilisation des régions Mohamed Lamine Haïdara. Etaient présent également à la cérémonie de lancement des activités, une forte délégation de partenaires techniques et financiers et des corps diplomatiques accrédités au Mali et plusieurs membres du gouvernement. Ladite cérémonie s’est déroulée dans la salle de spectacle de Sory Bamba de Mopti.

Une crise qui ne dit pas son nom

En  récapitulatif, le «centre» du Mali correspond géographiquement aux régions de Mopti, Douentza, Bandiagara, Ségou et San. Depuis 2016, cette partie du pays subit de plein fouet les conséquences de l’insécurité initialement circonscrite dans le septentrion à partir de 2012. En causse essentiellement, le déclenchement d’une rébellion par le Mouvement National de Libération de l’Azawad et ses Allies. Ainsi, la « question du centre » est devenue une préoccupation majeure aussi bien pour les populations civiles, les autorités locales, les Forces de défense et de sécurité que pour les autorités politique dont les premiers responsables de l’actuelle transition.

Le « centre » est fortement influencé par les régions voisines du Nord et les pays frontaliers dont le Burkina Faso, la Mauritanie et le Niger.

Dans les faits, cette insécurité, en plus de la violence qui la caractérise, a provoqué l’érosion et l’effritement du lien social. Elle a remis en cause les principes de tolérance, de cohésion et de solidarité qui, jusqu’ici, ont constitué le socle du Mali en tant que nation multiséculaire.

Pour y faire face, le gouvernement a créé le « cadre politique de gestion de la crise du centre » (CPGCC). La mise en place de cette structure est l’illustration d’une ferme volonté politique en faveur du retour de la paix.

Les conflits et les violences qui ont ébranlé les régions du nord et de Mopti, touchent désormais la région de Ségou. Ils menacent de s’étendre vers le sud. Des évènements violents se sont produits dans les régions de Koulikoro, Kayes et Sikasso alors que la crise multiforme de l’insécurité et de la perte de cohésion sociale a affecté d’autres zones et communautés,

La violence est complexe et présente de multiples facettes allant de la violence extrémiste aux affrontements entre différents groupes d’autodéfense en passant par les conflits inter-ethniques et intra-ethniques, le banditisme et la concurrence pour le contrôle des circuits de contrebande et de trafic.

Cependant, l’expansion géographique du conflit a entrainé une augmentation significative du nombre de déplacés internes, touchant particulièrement les femmes et les filles. Le nombre de déplacés internes a augmenté, passant de 35 363 en 2017 à 350 110 en 2021 (DTM Mali 2017 et 2021). Les régions de Mopti et de Gao comptent le plus grand nombre. En 2017, les femmes représentaient 50% des personnes déplacées et les enfants de moins de 18 ans constituaient plus de la moitié (56%).

L’économie à terre

Les coûts sociaux et économiques de cette crise multidimensionnelle sont énormes. Avec l’intensification de l’insécurité, l’administration s’est durablement retirée des zones affectées entrainant la fermeture des écoles et des centres de santé. La perturbation des prestations d secteur public a anéanti les services sociaux de base dans les localités abandonnées. Sur le plan éducation des enfants PDI (personnes déplacées internes), les résultats ont montré que des 38% des sites de déplacement évalués, aucun enfant PDI ne fréquentait l’école au moment de l’évaluation. Les localités les plus touchées par cette problématique liée à la non-scolarisation des enfants déplacés sont principalement situées dans les cercles de Niono (53%) et Mopti (12%) (Rapport DTM, avril 2021). Les dommages causés aux infrastructures et l’insécurité ont affecté également la production et la livraison des aliments, plongeant les populations dans une crise alimentaire.

Ainsi, les violences extrémistes et les conflits intercommunautaires ont particulièrement frappé les régions du centre du Mali qui sont de nature, des régions très productives et densément peuplées. La désertification en cours et les impacts des changements climatiques vont continuer à exacerber la concurrence pour les ressources naturelles, si l’Etat et ses partenaires stratégiques n’interviennent pas immédiatement.

Les régions du centre

Le « Centre » comprend cinq régions administratives que sont : Ségou, San, Mopti, Douentza et Bandiagara. Les régions de Ségou et San résultent du découpage de l’ex- Région de Ségou tandis que celles de Mopti, Douentza et Bandiagara couvrent l’ensemble de l’ex-Région de Mopti.

L’ancienne région de Mopti couvre une superficie totale de 79 017 km², soit 6,37% du territoire national. Elle compte 117 Collectivités Territoriales dont 03 régions, 08 cercles (Mopti, Bandiagara, Djenné, Douentza, Koro, Bankass, Ténenkou et Youwarou) et 108 communes dont 05 urbaines (Mopti, Bandiagara, Djenné, Douentza et Ténenkou), et 2 084 villages (RGPH 2009).

Quant à l’ancienne région de Ségou, elle a une superficie de 62 504 km² (5% du territoire du Mali). Elle compte 126 Collectivités Territoriales dont 02 régions, 07 cercles (Ségou, Barouéli, Bla, Macina, Niono, San et Tominian), 118 communes dont 3 urbaines (Ségou, San et Niono) et 2 251 villages (RGPH 2009)

Le document…

Adopter en Août 2022, le document de la stratégie de stabilisation des régions du centre couvre les régions de Ségou, San, Mopti et Douentza et Bandiagara, La stratégie s’articule autour de quatre axes stratégiques suivants: le rétablissement de la paix, de la sécurité et de la cohésion sociale; l’amélioration de la gouvernance et le renforcement de la justice; la gestion des questions humanitaires et le relèvement économique; enfin, la communication et la coordination des interventions.

Le processus d’élaboration de la stratégie de stabilisation des régions du Centre a mobilisé près de sept cent (700) participants. Les consultations régionales ont concerné les 16 Cercles des cinq (5) régions du Centre, ainsi que des communautés et des acteurs institutionnels opérant sur le terrain.

Les solutions seront apportées en fonction des besoins des communautés, cela en phase avec les politiques de développement du centre.

L’objectif de la cérémonie était de partager la stratégie et son plan d’action avec les parties prenantes ; sensibiliser l’ensemble des acteurs sur la stratégie ; enfin, de réussir l’adhésion de toutes les parties prenantes.

Il faut souligner que le plan d’action ambitionne de cerner l’ensemble des efforts de stabilisation de l’Etat, des PTF et des ONG. Pour ce premier exercice, toutes les actions de l’Etat, des PTF et des ONG n’ont pas pu être prises en compte étant donné les difficultés liées à la collecte des données notamment la non-répartition annuelle des coûts de certaines actions et la non-identification de certaines sources de financement (Etat, PTF, Collectivités Territoriales).

L’atelier de validation a permis ainsi de collecter des informations relatives aux actions de stabilisation. Les actions de l’Etat qui n’ont pas été budgétisées lors de la rencontre sont notamment: i) la construction/réhabilitation des bâtiments de l’Etat; ii) la dotation des représentants de l’Etat en moyens roulants; iii) la construction/réhabilitation de certaines structures sanitaires, scolaires et hydrauliques dans les zones de retour des Personnes Déplacées Internes (PDIs); iv) la construction/réhabilitation de services de sécurité, v) les équipements de forces de sécurité, etc.

Le coût estimatif…

Au total, 956,1 milliards de FCFA, c’est le coût estimé pour la mise en œuvre du plan d’action de la stratégie pour la période 2022-2024. Dans ce financement, l’axe 3 relatif à l’humanitaire et au relèvement économique présente le coût le plus élevé d’environ 856,5 milliards (soit 89,6 %). Cette part relativement importante est due aux actions de relèvement économique (Objectif 3.2) notamment la réalisation d’infrastructures de transport et d’équipements (routes, ponts), d’infrastructures scolaires et de santé, de réseaux d’électrification et de systèmes d’adduction d’eau, d’aménagements hydro- agricoles et pastoraux, d’équipements ruraux.

L’axe 3 est suivi de l’axe 1 relatif à la paix, la sécurité et la cohésion avec 51,7 milliards (soit 5,4%) et l’axe 2 relatif à la gouvernance et la justice dont le coût s’élève à environ 46 milliards (soit 4,8%). L’accompagnement à la dynamique de renforcement de la sécurité des personnes et des biens occupe une part relativement importante dans l’axe 1 (soit 74,6 %). Enfin, l’axe 4 de la coordination et la communication présente un coût d’environ 1,8 milliard (0,2%).

Les grandes annonces du premier ministre

Dans l’entame de son intervention, le Premier Ministre Dr. Choguel Kokalla Maïga  a saisis cette occasion pour réitérer les condoléances du Colonel Assimi GOITA, Président de la Transition, Chef de l’Etat, du Peuple et du Gouvernement aux familles endeuillées par les récentes attaques terroristes à Kani Bonzon et souhaiter prompt rétablissement aux blessés.

Puis, il a adressé une mention spéciale aux braves populations des Régions de Ségou, Mopti, San, Douentza et Bandiagara pour leur grande mobilisation ainsi qu’à tous les partenaires techniques et financiers pour leur amitié, soutien et accompagnement.

Le chef du gouvernement a précisé que la Stratégie de Stabilisation des Régions du Centre est un document du Gouvernement du Mali élaboré dans l’optique de « faire du Centre une zone stable et prospère où les communautés sont réconciliées entre elles-mêmes et vivent en harmonie avec leurs voisins ». il dira que cette vision tire sa substance de la nature de la crise multidimensionnelle qui, depuis 2012, s’est emparée d’une grande partie de notre territoire.

Ensuite, il a indiqué que le Gouvernement du Mali a de tout temps pris conscience des enjeux. Déjà, en 2017, il a mis sur pied l’opération militaire «  Dambé » et le «  Plan de sécurisation intégrée des régions du Centre » (PSIRC). Ces initiatives ont été consolidées par différentes actions de stabilisation et de relèvement économique, afin d’atténuer les souffrances des populations et stimuler le vivre ensemble et la cohésion sociale, a-t-il laissé entendre.

Dr. Choguel Kokalla Maïga a précisé que l’objectif de ces initiatives était de mener une série d’actions concrètes en vue de circonscrire les conflits et les violences, doter les populations de structures socio-éducatives de base et opérer le retour progressif de l’Administration.

La Stratégie de Stabilisation des Régions du Centre résulte de la vision du Président de la Transition, Chef de l’Etat, de « faire du Centre une zone stable et prospère où les communautés sont réconciliées entre elles et vivent en harmonie avec leurs voisins » a-t-il annoncé.

Le plan d’action de stabilisation des régions du centre

Ainsi, toujours dans allocution, le chef du gouvernement a proposé des solutions tout en donnant des consigne ferme dans la mise en œuvre dudit document, il s’agit de: sécuriser les personnes et leurs biens et renforcer la cohésion sociale et la confiance entre les acteurs; appuyer le retour des représentants de l’Etat et des élus et renforcer leurs capacités; utiliser les mécanismes de justice transitionnelle pour lutter contre l’impunité; utiliser les mécanismes endogènes de prévention et de gestion des conflits inter et intracommunautaires; renforcer les actions humanitaires et promouvoir le relèvement économique ; et  assurer une bonne communication autour de la stratégie et son plan d’action et faciliter la coordination dans les régions du centre.

Le premier ministre a annoncé les grands travaux infrastructurels prévus dans le centre du pays: la construction de la route Sévaré – Gao, tronçon Sévaré-Boré; la réhabilitation du tronçon Douentza-Hombori-Gao de la Route

Nationale RN16;  route Koro-Douentza-Tombouctou; la construction et le bitumage de la Route Macina-Diafarabé; et enfin, celle de la voix Goma Coura-Nampala-Léré;

-Pour finir, Banankoro-Dioro.

Le chef du gouvernement Dr. Choguel Kokalla Maïga a rassuré que le gouvernement s’engage à veiller à la mise en œuvre et son plan d’action. Il a n’a pas manqué de remercier les partenaires techniques et financiers pour leur accompagnement avant de saluer les actions humanitaires menées pour le Mali.

Avant l’intervention du Premier ministre, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies au Mali et Chef de la MINUSMA, El-Ghassim WANE,le chef des partenaires techniques et financiers et le secrétaire permanent de la stratégie nationale de la stabilisation des régions Mohamed Lamine Haïdara, ont prononcé successivement leur message.

« Cette Stratégie est d’autant plus bienvenue qu’elle articule une approche globale des défis multidimensionnels que connaissent les régions du Centre. Elle reconnaît qu’au-delà de la mobilisation de l’outil sécuritaire et militaire, le rétablissement durable de la paix et de la sécurité au Centre requiert aussi une amélioration significative de la gouvernance et le renforcement de la justice, la promotion et le respect des droits humains, le dialogue et la réconciliation entre communautés, et une action résolue pour traiter les aspects économiques et humanitaires de la situation présente », a déclaré M. WANE à Mopti lors de la cérémonie de lancement de la Stratégie.

Selon Dr Mohamed Lamine Haïdara, la stratégie nationale de la réconciliation et de la cohésion sociale et son plan d’actions 2022-2026 est aussi en phase avec l’« Accord pour la paix et la réconciliation, issu du processus d’Alger».

La stratégie est la synthèse des préoccupations des communautés victimes de la crise. Son plan d’action est la résultante des informations récoltées selon un canevas soumis par le Secrétariat Permanent aux ministères membres du Cadre Politique qui, grâce, Monsieur le Premier ministre, à votre clairvoyance et perspicacité, ont collaboré. Le même canevas a été soumis aux PTF et aux ONGS intervenant dans les régions du Centre.

« Vos indications précises nous ont permis de commencer à cerner des actions initiées par certains partenaires, actions sur lesquelles l’Etat n’avait ni connaissance ni emprise » a-t-il reconnu.

Cette approche permettra une affectation des ressources selon les besoins exprimés par les communautés elles-mêmes et ensuite les représentants de l’Etat au niveau local, régional et national et ce en adéquation avec les politiques de développement des différents secteurs.

C’est la condition sine qua non de la réussite d’une approche holistique prônée par la stratégie dont les dividendes doivent être perceptibles à tous les niveaux et singulièrement des communautés qui constituent la finalité.

Monsieur Haïdara a rappelé, que c’est le lieu idoine d’attirer l’attention de tous les acteurs nationaux et internationaux sur le défi que va constituer la coordination des activités de cette stratégie. Cette coordination est véritablement la raison d’être du Secrétariat Permanent du Cadre Politique de Gestion de la Crise du Centre.

Pour remédier à ce défi que constitue la coordination, le Secrétariat Permanent envisage l’opérationnalisation très prochaine du Comité de coordination ministériel composé de près 50 Hauts cadres de l’Administration, la redynamisation des comités régionaux sous le leadership des gouverneurs. Un comité similaire de 15 membres est créé avec les faitières des ONG nationales et internationales. Un cadre du même genre est prévu avec l’ensemble des PTF opérant dans les régions du Centre. En tout état de cause la concertation sera de mise avec les PTF avant la constitution du groupe de travail annoncé.

Le PM offre un déjeuner de marque

Pour boucler les activités de la journée du vendredi, le Chef du gouvernement a offert un déjeuner à ses invités essentiellement les ambassadeurs accrédités au Mali et l’ensemble des partenaires techniques et financiers.

Le Premier ministre,à travers ce déjeuner, respecte une tradition malienne et remercie les partenaires tant pour leur présence à Mopti que pour leur soutien aux actions de stabilisation des régions du centre du Mali.

Envoyé spécial à Mopti

Seyni T. KASSAMBARA

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