vendredi, 30 mai, 2025

Fuite de capitaux en Afrique : une réalité préoccupante

(LETTRE D’AFRIQUE) Le continent africain, bien qu’étant un créancier net sur la scène économique mondiale, se heurte à des défis majeurs dans l’accès aux marchés des capitaux et au financement de sa souveraineté économique. C’est ce qu’a révélé le professeur Kevin Chika Urama, économiste en chef et vice-président de la Banque Africaine de Développement (BAD), lors de la présentation des perspectives économiques pour 2025.

Selon les données de 2022, l’Afrique perd chaque année plus de 587 milliards de dollars à cause de la fuite des capitaux. Cette situation est alimentée principalement par des perceptions inadaptées du risque, coûtant à elle seule 79 milliards de dollars en primes de risque. D’autres mécanismes, tels que les flux financiers illicites et la corruption, exacerbent ce problème.

Les pertes les plus significatives proviennent de : Corruption : (148 milliards de dollars) ; Transferts irréguliers des multinationales :(275 milliards de dollars).

Malgré cette perte colossale, l’Afrique ne reçoit que 190,7 milliards de dollars sous diverses formes de financements externes. Ce déficit souligne la fragilité de l’image du continent, souvent perçu comme surendetté alors qu’il gelé une position de créancier face à l’économie mondiale.

M. Urama a souligné qu’en 2023, les investissements directs étrangers, les transferts de la diaspora et l’aide officielle au développement ont tous diminué, à l’exception des investissements de portefeuille. Cela entrave gravement la capacité du continent à financer son infrastructure et son développement économique.

Il est crucial pour l’Afrique d’attirer davantage de capitaux afin de réduire sa dépendance vis-à-vis des importations et de limiter l’inflation. Ces mesures permettraient également de diminuer les coûts de la dette et de renforcer la résilience face aux effets du changement climatique.

Cependant, la faible capacité des administrations fiscales et le rôle néfaste des entreprises transnationales qui échappent à la fiscalité posent des défis persistants. Beaucoup d’analyses montrent que ces entreprises contribuent à la perte de bases imposables de plusieurs centaines de milliards de dollars.

Pour remédier à cette situation, certains pays africains ont commencé à appliquer des solutions recommandées par l’OCDE. Cela inclut des obligations de transparence comptable et l’établissement d’un impôt minimum. Cependant, ces mesures demeurent largement inopérantes, y compris pour les pays du G20 qui en ont été les initiateurs.

Le professeur Urama a appelé à une amélioration des règles de transparence tant au niveau national qu’international, ainsi qu’à une révision de la perception du risque associée à l’Afrique. Avec un taux de défaut de remboursement de dettes nettement inférieur à celui d’autres régions du monde, il est impératif de reconsidérer comment le continent est perçu sur la scène mondiale.

L’Afrique possède un potentiel immense, mais pour prospérer économiquement, elle doit faire face aux fuites de capitaux et renforcer son accès aux marchés des capitaux. La transparence et la responsabilité au sein du système financier, ainsi qu’une perception plus favorable du risque, sont essentielles pour soutenir le développement durable du continent.

Sanadé Sana

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