Le Fonds monétaire international (FMI) a entrepris une mission discrète mais stratégique à Bamako, suite à l’échec précédent concernant la gestion d’un prêt destiné à l’achat de carburant. Selon des sources fiables, une équipe du FMI a été dépêchée de Washington mi-décembre pour rencontrer des représentants du ministère de l’économie et des finances. Toutefois, le gouvernement malien, qui a des réserves vis-à-vis de l’institution financière, a jugé inapproprié que le ministre rencontre directement la délégation.
Depuis plusieurs mois, le gouvernement malien et le FMI sont engagés dans des discussions pour établir un programme convenu, mais ils n’ont pas réussi à parvenir à un accord satisfaisant. À l’heure actuelle, le Mali est le seul pays au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) à ne pas avoir un programme en cours avec le FMI. En revanche, le Burkina Faso et le Niger, voisins et alliés de la région au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES), ont tous deux réussi à conclure des accords avec l’organisation financière.
Les équipes du FMI, malgré des tensions, espèrent formaliser un accord avec Bamako d’ici le premier trimestre de 2025. Au cours de leur mission, elles ont proposé divers programmes de soutien financier, en sachant qu’un accord pourrait aussi favoriser le retour des bailleurs de fonds internationaux au Mali. Cependant, les discussions ont été particulièrement ardues tout au long des années 2023 et 2024.
En avril 2024, le FMI avait accordé un financement d’urgence de 120 millions de dollars à Bamako, suivi par des négociations pour mettre en place un programme intitulé « Global Food Crisis and Food Shock Window ». Néanmoins, ce plan comporte des conditions strictes concernant la traçabilité des fonds, rendant les discussions plus complexes.
Un autre sujet délicat dans les discussions pourrait être la situation des dettes considérables du Mali envers les organisations financières de la région, notamment l’Uemoa. Le pays n’a pas réglé ses contributions obligatoires, accumulant ainsi une dette estimée à près de 114 milliards de francs CFA (environ 174 millions d’euros) depuis 2020. Invité à régulariser sa situation, le Mali a jusqu’à présent opposé une fin de non-recevoir, le Président Assimi Goïta préférant prioriser les dépenses liées à la sécurité.
La situation a été discutée lors d’une rencontre discrète entre les chefs d’État de l’Uemoa à Abuja, le 14 décembre, en marge d’un sommet de la *Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Conscient des enjeux complexes en matière de gouvernance économique au Mali, le FMI a adopté une approche faiblement intrusive lors de cette mission.
L’absence d’une rencontre officielle entre le ministre et la délégation du FMI souligne les sentiments ambivalents qui dominent Bamako. Dans un contexte politique déjà précaire, ce climat de méfiance pourrait compliquer davantage les efforts de relance économique et de coopération avec les institutions financières internationales.
La mission discrète du FMI à Bamako symbolise les défis économiques auxquels fait face le Mali et la complexité des relations entre le pays et les institutions financières internationales. Alors que les espoirs d’un accord se dessinent, les préoccupations concernant la dette et la gouvernance continue de péser sur les négociations, rappelant à tous que la route vers une coopération fructueuse nécessite un engagement mutuel plus fort et une volonté de surmonter les obstacles existants.