mardi, 21 octobre, 2025

Éditorial : CE QU’IL SE PASSE DÉROUTE…

Après les indépendances acquises (octroyées, cédées, obtenues…), l’agronome français, Réné Dumont, publiait un livre-alerte, après constat des options de développement faites par les nouveaux dirigeants africains : « L’Afrique noire est mal partie ». Quel livre écrira-t-il aujourd’hui s’il revenait ausculter les politiques publiques déployées bon gré, mal gré par nos élites africaines. Difficile de répondre à cette question pourtant vitale. Un fait notoire semble pourtant servir de scanner pour comprendre les nouveaux dirigeants africains, nageant entre corruption et manque de solution, conduisant donc nos pays vers des rivages incertains. Le jeudi, 16 octobre, une délégation conséquente du Sénégal du Président Diomaye Faye et du Premier ministre Ousmane Sonko est reçue au FMI, à Washington. C’est parce que le FMI a répondu immédiatement à la demande d’aide du Sénégal dont le gouvernement est confronté à une situation économique préoccupante, avec un déficit budgétaire de 14 % et un encours de dette publique représentant 119 % du PIB, un cas similaire à celui de la France dont la dette publique représente 115% de son PIB…conséquence certainement de la perte des trois pays de l’AES. Mais le hic est que ce n’est pas par les autorités (progressistes ?) du Sénégal en place depuis 2024 que l’affaire a été connue. Il a fallu la conférence de presse de Mme Kristalina Georgieva, la directrice bulgare du FMI, pour que la nouvelle se répande comme une traînée de poudre. Il a ici une première révélation : le gouvernement du Sénégal est demandeur, ce qui confirme la conduite constante et invariable du FMI qui reçoit toujours la lettre d’intention (demande de l’Etat besogneux) avant d’agir selon ses principes stricts. Là, on se demande pourquoi les autorités sénégalaises, comme toutes les autorités africaines qui sollicitent l’institution de Breton Woods, cachent toujours cette réalité, en tentant même dès fois de faire avaler à leur opinion publique que ce sont-elles qui ont contraint le précieux prêteur à leurs exigences. La deuxième révélation est plus grave. « J’ai rencontré la délégation sénégalaise ici (…) et nous allons envoyer une équipe dès la fin des réunions annuelles », qui s’étendent jusqu’à samedi, a assuré Mme Georgieva, qui laisse comprendre que la réponse urgente de son institution s’explique par le fait que les autorités au pouvoir à Dakar avaient accusé le précédent gouvernement du président Macky Sall (2012-2024) d’avoir dissimulé les vrais chiffres des indicateurs-clés, comme la dette publique et le déficit budgétaire. Et d’attester la certaine crapulerie qui a poussé l’équipe Diomaye Faye à solliciter de l’aide : « Je veux rendre hommage aux autorités sénégalaises pour avoir mis à jour cet immense problème. Cela a été caché et ils l’ont rendu public, tentant de comprendre ce qu’il s’est passé et l’ampleur du problème. Cela a pris du temps, mais nous y voyons désormais plus clair », a martelé Mme Georgieva. Comment, au nez et à la barbe du FMI et de l’opinion publique sénégalaise- des experts nombreux aussi-, le gouvernement du président a-t-il réussi à cacher une dette d’une hauteur astronomique ? Une question qui n’arrêtera pas d’interpeller.

Cet épisode débusque un autre lièvre économique-financier du présent. Le lancement récent du FCFA électronique, e-CFA tombe mars en carême pour les institutions financières internationales, sans état d’âme, on le sait. En rappelant que l’UEMOA a été créée le 10 janvier 1994 à Dakar pour être suivie par l’annonce de la dévaluation du FCFA le lendemain, 11 janvier, en début de nuit, en ignorant pas qu’en tandem, la même UEMOA et la CEDEAO, ont infligé au Mali des sanctions illégales et cruelles contre le Mali, avec la bienveillance de la BCEAO, que faut-il redouter pour l’avenir ? Sanctions, faut-il le rappeler, qui ont été applaudies par Emmanuel Macron. La monnaie électronique e-CFA naît justement au moment où nous cherchons les voies et moyens pour retrouver notre monnaie en révélant la création de la Banque d’Investissement de l’AES. Et voilà qu’on innove avec le vieux souvenir : e-wari, e-liquidi… Qu’avons-nous contre la monnaie AES et e-AES ? A cette question qui torture, l’expert Modibo Mao Makalou donne sur les réseaux sociaux une opinion sur e-cfa qui peut rester propriété de la BECEAO et utiliser e-aes pour notre Alliance en gardant les taux. Opinion avisée certes d’un expert régulièrement consulté par les grands médias du monde, mais chat échaudé craignant toujours l’eau froide, dès que l’on voit ne serait-ce que la silhouette de la BCEAO, force est de rappeler ce qu’a dit l’autre économiste international, le Sénégalais Dr. Papa Demba Thiam, quand on n’a pas hésité à bloquer les avoir du Mali :  « Il est inconcevable d’utiliser des dispositions économiques et financières communes à un ensemble régional pour exercer un chantage politique.

Amadou N’Fa Diallo

Source : journal Le National n° 729 du lundi, 20 octobre 2025.

Premium

DEFILE DU RENOUVEAU : Le Mali marche au pas de son destin

À l’occasion du 65e anniversaire de son indépendance, le Mali...

Douentza: alerte sur les animaux errants déterrant des cadavres

La situation à Douentza devient préoccupante avec la montée...

Officiel: L’Allemagne est entrée en récession

L’activité en Allemagne, première économie européenne, est entrée en...

Nigeria: KBC International investira 500 millions $ dans la construction de logements abordables

Alors que la plupart des promoteurs immobiliers locaux refusent...

Les banques américaines sont plus risquées que les marchés africains

Une publication de l’Agence Ecofin révèle une information capitale...

Secteurs

Articles connexes

Catégories populaires