BD, ancien édile en France et au Mali (entre autres fonctions exercées et missions accomplies ici et là) a réagi avec intérêt à notre éditorial du vendredi passé qualifié, avec une pointe d’ironie « d’hymne à août » par un aîné, avocat de son état, ancien magistrat. Pour l’autre Doyen BT, officier supérieur des forces de sécurité à la retraite mais toujours actif, « Il y a en effet trop de faits concordants en août qui ne sauraient être uniquement les fruits de pures coïncidences ». Et c’est en considération de la perception des deux derniers que la lecture faite par BD porte tout le poids de l’actualité et de l’avenir. « Excellent texte, ciblant des tranches succulentes de la vie publique de notre pays ! Une idée lumineuse que de nous faire égrener ces chapitres pour la plupart douloureusement nucléaires et amèrement dégustables pour le Mali ». BD, malgré tout, est optimiste et, interrogatif et non point dubitatif pour ce les quatre mois qui restent de l’année 2025, exprime l’espoir tout en ne faisant pas réserve des appréhensions : « Que sera le dessert de la fin de 2025 aux restes de la Transition ? De Kiev à Bamako ? Des drones aux coups d’Etat ? », et il attend notre réponse, d’autant que nous lui affirmons que le temps apportera des vérités. Comme nous n’avons pas le droit, au nom de la patrie, de dissimuler aussi nos inquiétudes, malgré le temps qui se glisse petit-à-petit vers l’atmosphère délétère, quand une virgule mal placée peut conduire à la MCA, ou un mot chargeable négativement à dessein peut vous transporter à Kéniéroba, des structures qui se fichent complètement que vous soyez Grand Corps malade ou convalescent (notre grand aîné n’hésitera pas lui-même à fouetter notre cadavre si nous ne laissons pas la Transition tranquille !), nous redoutons sincèrement si les Démons ne sont pas en train d’agir pour que le Mali devienne l’Armageddon, ce lieu dont parlent les écritures saintes comme étant celui du rassemblement des armées des rois de la terre pour livrer l’ultime bataille de la fin des temps à Dieu. Symboliquement, le lieu où s’affronteront dans un duel à mort le Bien et le Mal. Quand-même, il faut parler, devoir citoyen. Daniel Rops de l’Académie Française (décédé en 1965) ne formula-t-l pas : « L’histoire est toujours une science conjecturale ». On peut donc remuer les instruments dans le laboratoire. BD interrogea le vendredi, 29 août, le jour où des hordes de hors-la-loi ont réussi à mettre à sac la maison du général Elhadj Gamou, gouverneur de Kidal et gloire de l’armée malienne, Kidal, cette région martyre libérée par quels efforts et sacrifices on sait. Cette horrible action, qui a surpris beaucoup, a été précédée, le 1er juillet (mois venant avant août), par des attaques dans Kayes, région relativement épargnée jusque-là, avec du feu causé par les armes lourdes au domicile du gouverneur, un autre général. Inutile de rappeler Boulkessi, Dioura, Diafarabé… et Faraboubougou encore et toujours. Malheureusement, dans le capharnaüm médiatico-communicationnel qui désoriente plus qu’il n’informe l’opinion publique nationale, les scribes les plus attentifs et les plus méticuleux n’arrivent pas à tenir correctement le verbatim des évènements, tant dans la chronique quotidienne boursoufflée les contrevérités le disputent à la falsification de la réalité, le gonflement des moindres faits l’emporte sur la véracité indispensable à la compréhension de l’actualité. Les Maliens se perdent en conjectures. Les citoyens sont bien nourris en faux verbaux et en narrations tronquées, substances nocives à la bonne santé d’une nation engagée dans la reprise de l’initiative historique, dans le recouvrement de sa souveraineté pleine et entière, avec tout ce que cela implique comme consolidation de la conscience nationale, hélas perturbée trompée et donc violentée. Le terrorisme continue d’étendre, de manière inexorable, son spectre à l’ensemble du pays ; des localités entières sont contraintes de signer des pactes avec les occupants prédateurs… Comme si cela ne suffisait pas comme angoisse et motifs de désespérance, la ruée vers le pays de Kankou Moussa des orpailleurs étrangers aux méthodes clandestines, pourtant toujours munis de papiers officiels, causent en permanence la détresse dans nos localités aurifères identifiées et mènent même des ravages dans d’autres qu’ils prospectent à la recherche du précieux métal, détruisant champs, vergers et pâturages, avec la protection, malheureusement, de nos forces. Le contenu Local, loi élaborée avec grand espoir pour favoriser les nationaux- et promulguée à cette fin-, devient comme une rêverie. Quant aux producteurs de sésame, denrée très cotée que notre pays produit en quantités trop importantes (dont le tiers ne peut être manufacturé ici) et qui nous rapportait hier de substantielles dividendes, ont été doublés sur leur droite la saison passée, au nom du soutien à une usine nationale qui ne peut leur assurer le bon prix d’achat. Ce n’est pas tout, mais nous avons déjà bien dénigré, selon une certaine conception de la citoyenneté.
Amadou N’Fa Diallo
Source : journal Le National n° 717 du lundi, 1er septembre 2025.